Le congé maternité touche à sa fin, il faut repartir travailler. Voici les conseils de deux spécialistes pour se remettre dans le bain.
"Vais-je retrouver mon poste ? Comment conjuguer vie de famille et travail ?", se questionne Elodie, architecte, qui reprend le travail en ce début de mois de novembre. Des interrogations qui traversent toutes les femmes qui ont terminé leur congé maternité. Pour faciliter et préparer ce moment de transition, Myriam Szejer, pédopsychiatre et psychanalyste à la maternité de l'hôpital Foch de Suresnes, et Sylvie Sanchez-Forsans, psychologue du travail et consultante en ressources humaines, nous délivrent quelques précieux conseils.
Quatre sources de stress
La loi précise qu'à l'issue de son congé maternité, la salariée retrouve son emploi précédent, ou un emploi similaire, assorti d'une rémunération au moins équivalente. "L'environnement que va trouver la femme en retournant dans l'entreprise joue plus que la durée du congé", rassure Myriam Szejer. "Le rythme de vie change, les envies et les priorités également", témoigne une jeune mère.Sylvie Sanchez-Forsans identifie quatre sources de stress : "La première difficulté est d'ordre psychologique avec une baisse de moral, une appréhension du changement et, éventuellement, de la tristesse. La deuxième est physique avec la rééducation du périnée, un possible besoin de faire un régime ou de remuscler son corps. Les femmes subissent une pression physique qui s'est accentuée ces dernières années. Puis, l'inquiétude professionnelle liée à une absence prolongée joue aussi. Et enfin, le stress dû à une nouvelle organisation", explique la psychologue du travail.
Un départ qui se prépare
SYLVIE SANCHEZ-FORSANSPrévisualiser sa grossesse et anticiper
"Le retour dépend énormément de la façon dont la femme est partie, ce qu'il s'est déroulé pendant son congé et la façon dont elle est reçue", argue Myriam Szejer. Toute la difficulté est d'osciller entre la "présence et le lâcher prise", décrypte Sylvie Sanchez-Forsans. Et de conseiller d'instaurer un dialogue avec ses responsables et le service des ressources humaines afin de planifier ce départ. "On peut s'aider en suivant le guide de la maternité de la sécu, qui est très bien conçu", recommande-t-elle pour "prévisualiser sa grossesse et anticiper", afin de faire baisser "l'inquiétude". La psychologue incite surtout les futures mères à être "forces de proposition pour gérer l'absence. Plus la personne maîtrise les choses, plus le stress diminue".
Pendant le congé
L'idéal est de mettre en place de bonnes pratiques. "Vos collègues n'ont pas besoin de vous joindre tous les mois ni toutes les semaines", prévient Sylvie Sanchez-Forsans. En revanche, rien n'empêche de laisser un moyen de vous joindre en cas d'urgence le premier mois. "Privilégier le mail reste moins invasif pour une question." On peut aussi profiter de ce congé pour se nourrir intellectuellement : "Se former, faire un bilan, mettre son CV à jour, même si on ne compte pas changer d'entreprise", encourage Sylvie Sanchez-Forsans.
La séparation d'avec l'enfant
MYRIAM SZEJERIl est nécessaire que l'adaptation soit la plus progressive possible
Les deux spécialistes s'accordent sur un point : celui de l'importance d'une transition étape par étape. "Il est nécessaire que l'adaptation soit la plus progressive possible", conseille Myriam Szejer. Cela passe par une transformation des rituels et par le dialogue. "Il est important de se déplacer dans les lieux où l'enfant va être gardé, de lui faire découvrir de nouvelles odeurs, l'habituer en le laissant ponctuellement une heure ou deux, puis une journée", explique Sylvie Sanchez-Forsans. L'idée est de "faire le deuil de cette relation privilégiée" en instaurant "un nouveau cadre".
Autre astuce : il ne faut pas hésiter à partager ses sentiments et être honnête avec son enfant. "On peut lui dire que l'on a été très heureuse de s'en occuper", fait valoir Myriam Szejer. Avant de lui expliquer que désormais, on va retourner travailler. "On lui dit qu'il est assez âgé pour aller à la crèche ou être gardé par une nourrice", poursuit la pédopsychiatre. Le principe ? Expliquer la suite et donner du sens à cette action, tout en le rassurant. "Et si la mère n'est pas heureuse de retourner au travail, elle peut dire qu'elle y va à contrecœur mais que c'est comme cela, qu'elle n'a pas le choix", ajoute-t-elle. Si les difficultés persistent, il ne faut pas s'isoler et rapidement se faire aider par un psychologue ou grâce à des ateliers de paroles. L'entourage peut aussi aider à mettre la main à la pâte. "Pour beaucoup de femmes, retourner au travail signifie faire une double journée", rappelle Myriam Szejer. Toute aide est donc la bienvenue pour alléger cette double journée.